top of page
  • Photo du rédacteurVW

La loi de sécurité à Hongkong ou l'assassinat des libertés


À l’heure où responsables politiques et éditorialistes glosent sur la nomination du nouveau premier ministre, je voudrais revenir sur la promulgation de cette loi par la Chine mardi dernier, qui restera sans doute un événement sombre de l’Histoire.

Il est aisément compréhensible, d’après ce qu’il donne à voir de son projet politique, que le président chinois accepte mal le principe « un pays, deux systèmes » mis en place en 1997 lors de la rétrocession de ce territoire à la Chine par le Royaume-Uni. Territoire chinois, cette région administrative spéciale bénéficie de systèmes politique, législatif, juridique et financier distincts de ceux de la Chine. Il n’y règne pas exactement la démocratie au sens où nous, occidentaux, l’entendons, mais les Hongkongais.e.s avaient, jusqu’à mardi dernier, une liberté plus grande que celle de leurs concitoyen.e.s de Chine continentale. Ils en portent désormais le deuil.


Tant l’élaboration que le contenu de cette loi démontrent la détermination du régime chinois à éradiquer toute velléité démocratique en anéantissant la liberté d’expression. L’entreprise a été si bien menée que mis à part le profond effroi que cette loi provoque, cela pourrait presque susciter l’admiration. Pour commencer, élaborer une loi dans le plus grand secret est, vous me l’accorderez, une pratique assez étrange. Pour poursuivre, la lecture des articles rendant compte du contenu de cette loi ne laisse pas d’étonner, pour qui prête un peu attention aux principes juridiques élémentaires de garantie des libertés publiques.


La loi institue quatre crimes : la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec une puissance étrangère. La définition de ces crimes est pour le moins vague, ce qui laisse bien évidemment toute latitude à un pouvoir arbitraire pour trouver dans des faits de quoi justifier l’internement du moindre opposant politique (comme si ériger la subversion en crime n’était pas en soi suffisant…). Cette latitude sera d’autant plus grande que des juridictions spéciales sont créées pour mettre en œuvre cette loi, dont les juges sont directement nommés par le pouvoir exécutif. Relèverait toutefois du crime de subversion le fait « d’inciter à la haine des gouvernements ». Concrètement, à voir les premières arrestations, le fait d’arborer un autocollant portant le mot « conscience » relève de cette définition. Certains procès se tiendront à huis clos et sans jury, voire en Chine continentale « quand la sécurité nationale de Chine fait face à une menace substantielle réelle, quand des forces étrangères sont impliquées ou quand le gouvernement de Hongkong ne peut pas faire appliquer la loi ». Des agences ou bureaux composés par le parti communiste chinois sont mis en place, dont un qui aura pour fonction de superviser et guider les autorités locales, ainsi que d’interroger les accusés avant qu’ils n’aient droit à un avocat et à un procès juste (n’entendez évidemment pas par là un procès équitable au sens de la Convention européenne des droits de l’homme). Ce bref exposé n’est malheureusement pas exhaustif…


La sanction encourue est, tout simplement, la prison à perpétuité. Au regard du système concentrationnaire mis en place dans la province Ouïghoure et déjà dénoncé par James, cela laisse présager le pire. https://apresdemainensemble.wixsite.com/accueil/post/les-camps-de-concentration-chinois https://apresdemainensemble.wixsite.com/accueil/post/il-faut-stopper-l-essor-d-un-nazisme-num%C3%A9rique-en-chine

Certes, les peines pourront être moindres, mais a minima toute personne condamnée sur le fondement de cette loi sera inéligible à vie. Quelle meilleure façon d’imposer une dictature ? Ce ne sont d’ailleurs pas seulement les résidents hongkongaises et hongkongais qui sont visés, mais le monde entier, dès lors que toute personne, même étrangère, même pour des faits « commis » à l’étranger, tombe sous le coup de cette loi. Il n’est pas question que journalistes et ONG viennent investiguer sur ce qui va se produire.


Certaines réactions internationales suscitent un faible espoir, le Royaume-Uni promettant d’accueillir les hongkongais.e.s, le Canada suspendant son traité d’extradition avec Hongkong et restreignant ses exportations de matériel militaire sensible vers ce territoire. Il n’en reste pas moins que depuis quelques jours, être démocrate à Hongkong c’est être condamné à l’exil ou à la résistance et aux risques inouïs qu’elle implique.


Si comme moi cette atteinte éhontée à la démocratie et aux droits fondamentaux vous révolte, si comme moi vous pouvez imaginer la souffrance de ce peuple que l’on asservit, s’il vous plait, manifestez-vous. Pour le peuple de Hongkong et pour nos libertés.

21 vues1 commentaire
bottom of page