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Vivendi Vs Crédit Mutuel


A l'heure du choix entre la perpétuation du monde actuel et l'invention d'un monde nouveau, les acteurs de la vie économique se positionnent au fur et à mesure de la crise.

Aujourd'hui, je voulais confronter deux visions différentes sur le sujet :

d'un côté le groupe Vivendi dirigé par Vincent Bolloré qui a dégagé près de 4 millards de chiffre d'affaires en 2019 soit une augmentation de 4,4% par rapport à 2018

de l'autre côté le Crédit mutuel présidé par Nicolas Théry, première banque des associations et des comités d'entreprise, qui a dégagé un résultat net de 3, 775 millards d'euros.


Vivendi a annoncé début avril l'augmentation de 20% des dividendes dégagés sur l'exercice 2019 pour ces actionnaires.

Je rappelle pour info que dès la fin mars, le gouvernement avait conditionné ses aides aux entreprises au non-versement d'un dividende. En même temps, certaines autorités de tutelle comme celle du secteur bancaire en France (APCR) avait demandé aux banques de suivre les recommandations de la BCE de ne pas s'engager sur le versement des dividendes pour les exercices de 2019 et 2020.

Or Canal plus appartient à Vivendi, ses employés ont pu bénéficier du chômage partiel et Vincent Bolloré a tout de même versé les dividendes...

Mais j'y reviendrai.


Le Crédit Mutuel a lui annoncé la création d'une prime de relance mutualiste pour les petits commerçants. Il s'agit en fait d'indemniser les petites et moyennes entreprises qui avaient souscrit un contrat de perte d'exploitation dans lequel n'était pas prévu le risque de pandémie. Cette initiative que Nicolas Théry explique par l'idée de responsabilité morale détonne dans le secteur de la banque et de l'assurance, à tel point que le Fédération Française des Assureurs accuse le Crédit mutuel de concurrence déloyale et a provoqué hier une enquête par l'autorité de contrôle du secteur.

Vous écouterez en podcast Nicolas Théry (dernier lien) pour vous faire une idée sur l'authenticité de ses propos.

Mais une chose est certaine, vous entendrez un patron de banque proposer sur une radio publique de financer en priorité les investissements en faveur du climat !

Vous l'entendrez également suggérer très sérieusement que notre dette nationale, vertigineuse, soit prise en compte par la Banque Centrale Européenne grâce à un crédit que la France n'aurait à rembourser que sur un très très long terme...

Vous entendrez ce puissant financier affirmer que le réchauffement climatique est la crise majeure chaque année et que 48.000 personnes meurent de la pollution de l'air d'où la décision de sa banque de stopper tout financement du charbon.


Alors, peut-être que derrière cet affichage se cache une stratégie économique pour capter la clientèle d'autres groupes d'assurance mais il n'en demeure pas moins que les mots du président du Crédit mutuel ont été prononcés sur la première radio publique de France et ont été entendues par des millions d'entre nous. Pour une personne de rang comme Monsieur Théry, cette prise de parole publique a la portée d'un certain engagement qui en cas de non-respect pourrait alors lui faire perdre sa crédibilité, instrument nécessaire à son activité commerciale.

Sur le plan des symboles, cette position du Crédit Mutuel compense l'affichage quelque peu indécent du PDG de Vivendi qui répartit des millions d'euros entre quelques personnes alors que des millions de nos compatriotes crèvent de fin en ce moment.

Mais doit-on pour autant le blâmer lui plus que que les autres groupes du CAC 40 qui ont décidé d'annuler la répartition des dividendes pour 2020 ? A mon sens non, car à défaut d'être respectueuse de nombreux citoyens qui pâtissent sévèrement des conséquences de la crise, la réalisation officielle du partage de ces dividendes par Monsieur Boloré est une décision franche et assumée. Ce n'est pas le cas des autres grands groupes qui annulent ce partage, entendez par là, qui reportent cette distribution à la fin de l'année quand les choses se seront tassées et que les médias seront passés à autre chose !

Pour être sincère, je ressens une certaine nausée devant une telle hypocrisie et vous comprendrez que mon écœurement n'est pas focalisé sur Vivendi.

N'oublions pas que selon un décompte réalisé par l'institut spécialisé Factset, les actionnaires des groupes cotés au CAC 40 pouvaient s'attendre à percevoir en 2020, un montant record de 54,3 milliards d'euros, en hausse de 5,9 % par rapport à l'année 2019…

Sur ces milliards, combien d'euros vont revenir à la collectivité au titre de l'impôt ?

Si on applique la flat taxe de 30% applicable aux dividendes, je vous laisse calculer.


Ma conclusion est la suivante : il faut repenser l'actionnariat, l'encadrer, et réformer décemment son imposition.

De manière simple et à titre d'exemple pour illustrer mon propos, comment puis-je considérer que nous participons tous, à proportions de nos moyens, à l'effort de solidarité pour la collectivité quand mon taux d'imposition est de 25% pour un travail effectif de plus de 50h par semaine et un salaire mensuel net proche de 4.000€ alors que celui d'un actionnaire personne physique dont le travail correspond à la participation financière au capital d'un groupe est de 30% pour des dividendes qui peuvent représenter plusieurs millions ?

Peut-être que je dois être encore plus imposé par solidarité mais alors que dire de l'actionnaire !?


En outre, et en ces temps de crise, comme je l'ai déjà affirmé de manière pragmatique, les plus riches qui détiennent le plus d'argent doivent principalement contribuer à l'effort national pour que ça produise un effet concret à court terme. Je tâcherai d'apporter la caution d'un économiste éclairé dans un prochain post.

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