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  • Photo du rédacteurjames

Repensons ensemble le travail s'il vous plaît !


Très chères amies, contributrices ou lectrices,

Très chers amis, contributeurs ou lecteurs,

J'ai décidé ce matin de me rebeller, de m'extirper du diktat tyrannique de la journée du travail tel qu'imposé par la société actuelle occidentale et de donner la priorité au blog et au partage avec vous !

Je fais le malin bien sûr parce que je suis privilégié, en position de télétravail, sans mission urgente ce jour (enfin pour l'instant) et non astreint au rythme infernal d'une chaîne de production. Mais quand même, j'ai décidé de repousser le traitement des mails et les appels téléphoniques à plus tard pour partager avec vous mes lectures du matin qui me conduisent à ce post.

Figurez-vous que je pensais à la situation professionnelle de mon frère, dans le privé, qui s'est vu rémunérer au chômage partiel pendant le confinement tout en étant obligé de travailler à 100% par sa hiérarchie quand je suis tombé sur un article de France inter (premier lien) qui justement indiquait que beaucoup de salariés avaient vécu cette même situation assez scandaleuse sur le plan de l'éthique et des principes.

Alors que dans ma tête je me disais que payé à 84 % (qui plus est par l'Etat), il n'aurait du travailler qu'à 84% et utiliser les 16 autres % à d'autres activités domestiques, familiales, associatives, sportives , je suis tombé sur un article relatif à Bertrand Russel (2ème lien), philosophe et mathématicien gallois qui a écrit en 1932 ce fameux texte au titre provocateur "Eloge de l'oisiveté".

Certains d'entre vous vont sûrement penser que j'essaie de trouver une caution philosophique à mon acte de rébellion du matin qui peut s'apparenter à de la fainéantise; ils auront peut-être raison mais la vérité est que je pense à notre conception du travail.

Mon ami AllezzBlezz a déjà abordé la question dans son post "Marx est mort" et il nous faut continuer à réfléchir sur cette notion, qui est au coeur d'un nouveau modèle à construire, si on veut pouvoir formuler à terme des propositions concrètes.

J'essaie dans mes posts d'avoir une réflexion autonome et pas forcément référencée, autrement dit je vais piocher chez les penseurs érudits ce qui correspond à mes idées mais qui sera mieux exprimé et mieux étayé.

Chez Russel je retiens deux thèmes forts qui me parlent :


-d'abord l'idée que le "voie du bonheur et de la prospérité passe par une diminution méthodique du travail"

Les néolibéraux et les défenseurs à tout crin du capitalisme moderne pensent que c'est une théorie fumeuse, saugrenue et totalement aberrante mais je pense au contraire que la solution réside parfois dans des idées simples et emplies de bon sens.

On vit depuis des siècles sur un faux postulat relayé par la mouvance libérale qui consiste à dire que le travail est une vertu qui mérite une récompense (le salaire) ce qui pousse les gens à vouloir beaucoup travailler pour être vertueux (et reconnus par la société) et qui conduit de fait à une inégale répartition du travail avec in fine chômage, pauvreté et famine.

Je plaide pour une diminution du temps de travail et dans le même temps pour une diminution subséquente du salaire afin de de permettre une meilleure répartition du travail entre les personnes et de redonner à l'être humain le moyen de disposer d'un confort de vie. Vous allez me dire que je suis contradictoire et que mon équation diminution de salaire/augmentation du confort de vie est un peu crétine. Et bien pas tant que ça et c'est la seconde idée que je retiens chez Russel


- " en travaillant quatre heures par jour, un homme devrait avoir droit aux choses qui sont essentielles pour vivre dans un minimum de confort, et il devrait pouvoir disposer de son temps comme bon lui semble".

Certes ce n'est pas une idée nouvelle mais je trouve qu'elle a été trop méprisée dans le débat politique français jusqu'à présent et mal vendue par ses promoteurs.

Le confinement a donné un premier signe positif qui va dans le sens de cette idée : le télé travail a montré que l'être humain peut travailler depuis chez lui en s'organisant différemment mais en accomplissant la mission confiée par son employeur.

Ce que je veux dire c'est que beaucoup d'entre nous sont des gens responsables pour qui le terme de "oisiveté" ne signifie pas forcément sieste, loisir mais peut recouvrir d'autres activités intellectuelles, éducatives, professionnelles, environnementales...


L'oisiveté n'est pas mère de toutes les vices et le travail est survalorisé depuis des siècles. Quatre à cinq heures de travail par jour, en étant hyper-concentré, focus sur sa mission, allégé de toutes autres contraintes domestiques dont on sait qu'on aura le temps de les gérer dans la seconde moitié de journée, sont beaucoup plus efficaces qu'une journée de 7 à 10 heures parasitée par le téléphone portable, les discussions avec les collègues, la fatigue morale et physique liée à toutes les pensées concernant les contraintes domestiques, alimentaires et autres que l'on va devoir gérer en un temps minimal à la fin de la journée.

Une telle conception au final ne m'apparaît pas si idiote que ça...l'homme ou la femme, selon moi, ne se définissent pas exclusivement par leur travail. Leurs interactions sociales extra-professionnelles, leurs loisirs artistiques, intellectuels, sportifs, leurs rôles éventuels de parents, de référents en terme de valeurs, d'éducation sont tout aussi primordiaux.

Pourquoi ne pas essayer, pourquoi ne peut pas vérifier qu'une telle refondation de la valeur travail puisse être à la source d'une meilleure justice sociale et d'une société plus épanouie ?

Pourquoi ne pas tenter un système où le loisir, la détente ne sont pas concentrés sur une petite période de temps dans l'année, les vacances, mais répartis tout au long de l'année au quotidien quitte à diminuer un peu ce temps de vacances qui doit continuer à exister ne serait-ce que pour maintenir l'imaginaire du voyage important pour les êtres humains?

Pourquoi ne pas tenter un tel système où le foyer reprend une vraie dimension, où parents, enfants, famille peuvent profiter les uns des autres, s'apporter un réconfort mutuel et profiter de moments qui passent trop vites ?


Pour conclure, j'indiquerai simplement que ce renversement de la valeur travail peut être anxiogène mais pas plus que la crise sociale actuelle et les perspectives à venir.

Je dois retourner à mes mails et passer des coups de fil afin de rester loyal à mon employeur mais je suis heureux d'avoir commencé ma journée avec vous. La Terre continuera à tourner même si j'ai commencé ma journée avec le blog avant mon boulot et ce soir mon travail sera correctement fait, n'en doutez-pas.

Fautes comme moi un jour où vous pouvez, autorisez vous à être utilement oisifs, ça fait un bien fou.

Je vous laisse en vous soumettant la pensée d'une autre philosophe Hannah Arendt (qui a critiqué Marx, et oui Allezblezz tu vas devoir plancher là-dessus) sur le travail :

"On notera que les distinctions entre travail qualifié et non qualifié, comme entre travail manuel et travail intellectuel, ne jouent le moindre rôle ni dans l'économie classique, ni dans l'œuvre de Marx. Comparée à la productivité du travail, elles sont en effet d'importance secondaire. Toute activité exige un certain talent, une certaine qualification, le nettoyage et la cuisine autant que la littérature ou l'architecture. La distinction ne s'applique pas à des activités différentes, elle signale seulement des étapes et des qualités à l'intérieur de chacune d'elles."


Belle journée :)

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