top of page
  • Photo du rédacteurjames

Non Monsieur Macron, nous ne sommes pas une nation de citoyens solidaires !

Lettre n°4 à Monsieur le Président de la République


Monsieur le Président,


J'ai une fois de plus écouté avec attention votre intervention télévisée de mercredi soir et je voudrais réagir à la réponse que vous avez donnée, au journaliste vous interrogeant sur les raisons d'espérer des Français.

"La raison d'espérer, je vais vous dire, c'est que nous sommes en train de réapprendre à être pleinement une Nation. C'est-à-dire qu'on s'était progressivement habitué à être une société d'individus libres. Nous sommes une Nation de citoyens solidaires. Nous ne pouvons pas nous en sortir si chacun ne joue pas son rôle, ne met pas sa part. Voilà la clé. Et donc, je le dis très clairement, le message que je suis venu passer ce soir, c'est que j'ai besoin de chacun d'entre vous, que nous avons besoin les uns des autres pour trouver des solutions, pour inventer, pour être citoyen en respectant les règles, pour nous-mêmes et pour les autres, mais surtout pour inventer. On sortira de cela en étant une Nation plus résiliente. On va continuer à surmonter nos défis.
On va continuer à régler la crise climatique et la transition climatique, mais on va aussi - et on est en train de le faire - apprendre à être une Nation plus résiliente qui va produire de l'économie, de la vie, sur son territoire à nouveau. On va reproduire des médicaments, des matériaux nécessaires. Qui réapprend à se protéger et à surmonter cette crise comme les autres. On sortira plus forts parce qu'on sera plus unis. Si j'avais un message à passer à nos concitoyens, c'est ça. Nous avons besoin les uns des autres. On s'en sortira ensemble."

Cette réponse, aussi bien intentionnée soit-elle, et axée sur le concept fort de Nation, n'est une fois de plus qu'une énième formule incantatoire qui s'apparente au mieux à un voeu pieux au pire à une illusion.

Monsieur le Président, je vous sais suffisamment érudit et intellectuel pour ne pas croire à ce que vous avez dit sur la Nation, étant précisé d'ailleurs que vous avez indiqué dans le même temps que nous étions en train de "réapprendre à être pleinement une Nation" et que nous étions "une Nation de citoyens solidaires". Le sommes nous ou allons nous le devenir ?

Vous nous demandez à longueur de discours sur la crise sanitaire ou sur le terrorisme ou sur la récente catastrophe naturelle qui a frappé l'arrière pays niçois de "faire nation", c'est à dire de participer du sentiment d'appartenir à une même nation.

Mais qu'est-ce que la nation française aujourd'hui Monsieur Macron ? Qu'est-ce que la nation française dans la conjoncture socio-économique, sanitaire, politique et culturelle que nous connaissons depuis la crise économique de 1973 ?

Vous vous inspirez sans cesse des grands auteurs ou intellectuels pour exprimer votre conception théorique de la Nation mais vous ne vous interrogez que trop rarement sur les conséquences de vos décisions politiques sur les contours réels de notre nation actuelle.


Je n'ai pas l'intention de faire un cours sur la Nation, je n'en ai ni la prétention ni la compétence d'ailleurs, et je renvoie chacune et chacun à lire les différents auteurs qui ont réfléchi sur le concept (Aristote, Bodin, Renan,...) pour se faire leur propre idée de la Nation.

Je veux seulement démonter ici qu'il y a méprise Monsieur le Président, lorsque vous employez ce terme de Nation de manière récurrente.

Je m'explique : il y a une dimension volontariste dans votre discours, un objectif rassembleur qui sont compréhensibles mais qui sont totalement annihilés par l'idéologie néo-libérale que vous soutenez et par les intentions électoralistes que vous poursuivez depuis maintenant des mois.

En d'autres termes, vous voulez que nous soyons une Nation mais la politique que vous déclinez tout comme vos prédécesseurs, le tout économique que vous adorez, le démantèlement des services publiques que vous poursuivez, la paupérisation des "invisibles de la République" que vous aggravez, sont autant de missiles destructeurs qui viennent faire exploser cette nation que vous chérissez tant dans les mots.


La Nation est définie par le dictionnaire Larousse comme "l' ensemble des êtres humains vivant dans un même territoire, ayant une communauté d'origine, d'histoire, de culture, de traditions, parfois de langue, et constituant une communauté politique."

Si cette définition vous paraît trop abstraite, je la complète par la fameuse citation d'Ernest Renan exprimée lors de sa conférence à la Sorbonne en 1882 (je ne reproduis sciemment qu'une partie de la citation ci-après et mentionnerai la suite ultérieurement)

« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. »

Je pense Monsieur le Président, que vous êtes d'accord avec cette conception contractuelle de la nation, c'est à dire sur la volonté d'une population de former une nation qui vient s'opposer à une vision essentialiste de la nation fondée de manière plus abrupte sur la culture, la langue,la religion, et la race.

Je précise tout de même que je me démarque de certains essayistes comme Eric Zemmour qui donnent une dimension raciale à la conception de Renan en insinuant que la nation ne concerne que ceux qui ont un passé commun, c'est à dire qui ont les mêmes racines (en l'occurence chrétiennes dans la bouche de ce commentateur).

Non, pour ma part, de manière intuitive et sûrement subjective, la nation repose à la fois sur un héritage passé, qu'il s'agit d'honorer, et sur la volonté présente de le perpétuer.

On est sur le "vivre ensemble" cher à Renan et sur l'adhésion de la personne à la nation.

Aussi et fort de ma conception ci-avant exprimée, je me permets de critiquer vos discours récurrents sur le "faire nation" qui relèvent pour moi de l'incantation et de l'élément de langage politicien.

En effet, comment vouloir que nous fassions nation, corps commun, lorsque vous ne cessez de nous diviser, de nous éloigner et de rabaisser certains d'entre nous :

- par vos invectives allant des "gaulois réfractaires" à la stigmatisation des chômeurs ("il y a des tas de métiers, il faut y aller.. je traverse la rue et je vous en trouve" / "le meilleur moyen de se payer un costard c'est de travailler") en passant par le mépris des plus pauvres ("on met un pognon de dingue dans les minima sociaux" / "Une gare, c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien"), la déconsidération des salariés du privé ("La vie des petits entrepreneurs est souvent plus dure que celle des salariés") comme du public (à destination des soignants hospitaliers "le problème ce n'est pas le nombre de soignants mais votre organisation")

- par vos orientations politiques exclusivement définies en référence au dogme ultra-libéral : suppression de l'ISF, réforme des retraites insuffisamment préparée, encouragement de la théorie fumeuse du ruissellement, démantèlement des services publiques de la santé, de l'éducation nationale, de la police, de la justice et plus généralement des services de proximité et d'aide aux personnes

- par votre exercice de la chose publique qui fait la part belle à l'entre-soi, à l'élitisme et au centralisme parisien, à l'électoralisme, aux alliances politiciennes avec ceux qui ont pourtant contribué à diviser le pays (les sarkozystes)

- par la pratique d'une politique qui est aux antipodes des annonces promises au seuil de votre élection et qui pourtant promouvaient le développement de la démocratie locale, de la démocratie citoyenne. A titre d'exemple, je citerais les pseudo-concertations avec les maires dans le cadre de la COVID, totalement phagocytées par les préfets, ou l'illusion du Grand Débat National après la crises des gilets jaunes, ou encore la trahison des promesses faites à la convention citoyenne sur le climat..

- par la gestion de la crise sanitaire dont le développement actuel montre que vous n'avez pas voulu croire à l'intensité de la seconde vague, sinon pourquoi le nombre de lits dans les hôpitaux publics a-t-il continué encore à décroître ou pourquoi les emplois localisés de personnels soignants n'ont-ils toujours pas augmenté ?

- par le sacrifice d'un pilier essentiel de notre démocratie, à savoir l'institution judiciaire que vous abandonnez sciemment aux mains d'un ancien avocat populiste et peut-être affairiste, décidé à détruire psychologiquement cette institution miséreuse qui a pourtant vocation à contribuer à la pacification de notre société par le règlement des conflits entre les personnes. Pourquoi ne pas recevoir les syndicats de magistrats qui dénoncent des conflits d'intérêts évidents du Garde des Sceaux et pourquoi dans le même temps consulter souvent un ancien président de la République, prévenu dans deux affaires correctionnelles en passe d'être prochainement jugées et mis en examen encore il y a deux jours pour participation à une association de malfaiteurs dans l'affaire du présumé financement libyen de sa campagne électorale ?

- par la relégation des quartiers difficiles et l'abandon de ces habitants, dont beaucoup de jeunes issus de l'immigration, totalement dénués de repères et de valeurs, grandissent dans la haine et dans la rage face au reste d'une société qui en a peur.

Pourquoi avoir abandonné votre ambition de candidat à la présidentielle de réconcilier nos citoyens, de crever les abcès de notre Histoire, de briser les tabous en lien avec la guerre d'Algérie et plus globalement avec notre politique de décolonisation ?


Monsieur le Président, je mentionne ci-après la suite de la citation d'Ernest Renan que j'ai abordée précédemment :

Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager ; dans l’avenir un même programme à réaliser. Avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà qui vaut mieux que des douanes communes, voilà ce que l’on comprend malgré la diversité des races et des langues. Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire ». Finalement elle est « un plébiscite de tous les jours ».

A la lecture complète de cette citation, je vous pose solennellement la question :

sommes-nous aujourd'hui une nation ou sommes-nous en passe de le devenir au gré des crises sanitaire, politique, sécuritaire ou climatique ?

Bien sûr que non !

Monsieur Macron, votre élection vous a placé en qualité de président au-dessus des partis pour que vous parliez « à tous les Français ». Mais comment est-ce encore possible hors des parenthèses d'émotion ?

Comment recréer du commun quand l'individualisme que vous encouragez par votre politique néo-libérale, fracture le pays en îlots qui ne se parlent ni ne se comprennent ?

Il existe selon les ouvrages de sociologie, de droit constitutionnel, de philosophie politique sept facteurs constitutifs de la nation : la race, la langue, le sol, la culture, le bien commun, l'Etat et la conscience nationale.

Au 21ème siècle, les trois premiers facteurs sont selon moi, dépassés compte tenu de l'évolution mondialiste des sociétés modernes. Les vagues migratoires dues à la seconde guerre mondiale, aux conflits au Moyen-Orient et aux décolonisations ont abouti à des sociétés où des personnes d'origines différentes se sont tout de même mélangées, où peuvent coexister plusieurs langues et où les frontières sont à peu près figées tout en étant franchissables.

En revanche les quatre derniers facteurs sont essentiels à la consolidation d'une nation moderne et c'est là que le bât blesse.

La culture et le bien commun renvoient à ce que Renan qualifie de "possession en commun de riche legs de souvenirs" ou encore "héritage de gloires et de regrets à partager". Quid du bien commun français ? De la culture française ?

Nous abordons là les sujets sensibles qui minent aujourd'hui la société française, la fragmente parce que nous sommes incapables de les aborder sereinement, faute d'empathie (capacité de s'identifier à autrui dans ce qu'il ressent) et d'analyse non idéologique.

A quand Monsieur le Président, une réflexion multi-disciplinaire sur le passé colonial français, sur l'esclavage, sur la guerre d'Algérie et sur les politiques d'intégration des vagues d'immigration après-guerre ? A quand une volonté réelle d'aborder ces thèmes majeurs qui sont à l'origine des manifestations communautaires actuelles et en lien très étroit avec le développement de l'islamisme radical en France ?

Comment les descendants des générations d'immigrés d'Afrique du Nord et d'Afrique sub-saharienne, les descendants des esclaves ultra-marins peuvent-ils partager un héritage culturel duquel ils sont exclus ou évoqués exclusivement par le prisme d'une vision occidentale ?

Vous avez parlé dans un de vos nombreux discours de candidat à la présidentielle des crimes contre l'humanité commis en Algérie par l'armée française, ce qui avait provoqué un grand remous dans l'opinion française à l'époque. Même si ces termes n'appartiennent qu'avec vous, ils avaient au moins le mérite de mettre le doigt sur un sujet majeur, qui est selon moi au coeur de l'objectif de refonte de notre communauté nationale.

Mais aujourd'hui vos nouvelles prétentions électorales vous empêchent d'aborder à nouveau ces thèmes. Pourtant, il serait tellement judicieux d'instaurer une commission ad'hoc composée d'historiens, sociologues, philosophes, associations locales des différents pays concernés, ayant accès aux archives d'Etat pour défricher, notre passé et rendre compte de ce qui s'est passé factuellement depuis la fin de la seconde guerre mondiale. A ce sujet je vous renvoie à un excellent documentaire "Décolonisations" diffusé récemment sur France 2 et qui apporte déjà un éclairage précieux sur le sujet que nombre de nos concitoyens devraient regarder avant de parler sans savoir.

Renan parle d'héritage de gloires et de regrets à partager or aujourd'hui on ne partage pas car on ne sait pas, ou on ne veut pas savoir ou encore on ne veut pas contrarier la transmission familiale qui est souvent subjective.

La guerre d'Algérie est pour moi un des événements essentiels qui permet de comprendre notre situation d'aujourd'hui. Mes différentes lectures et le documentaire "Décolonisations : du sang et des larmes" dans lequel sont interviewés les enfants et petits-enfants des premiers immigrés algériens m'ont fait réaliser avec une évidence implacable comment la colonisation et la décolonisation constituent une trace sombre, indélébile dans la perception qu'ont encore aujourd'hui les Français d'origine algérienne de notre nation.

Je donne quatre exemples éloquents concernant la colonisation et la décolonisation de l'Algérie :

- les massacres perpétrés par l'armée française lors de la conquête de l'Algérie, et notamment les massacres organisés par le maréchal Bugeaud (autochtones regroupés dans des grottes qu'on incendiait)

- les camps de regroupement établis en Algérie qui avaient pour but officiel de couper la population algérienne des membres du Front de Libération National et qui ont en réalité provoqué une modification de la géographie rurale de l'Algérie. L'armée française a brûlé et détruit de nombreux villages dans le pays et parquer les populations dans ces camps entourés de barbelés et contrôlés par les militaires.

- les massacres de Sétif du 8 mai 1945 (même jour que la capitulation de Berlin) où une manifestation d'Agériens qui aspirent à ne plus être colonisés après avoir aidé la France à se libérer du joug nazi, va tourner au massacre. Un militaire français va tirer sur un jeune algérien porteur du drapeau algérien (proscrit ce jour-là) ce qui va déclencher l'ire des manifestants qui vont tuer des centaines de colons. Va s'en suivre une répression sanglante par l'armée française qui va aboutir à des exécutions d'un nombre indéterminé d'Algériens mais que les historiens estiment à plus d'un millier.

- la répression sanglante par la police française sous les ordres du préfet de police de Paris Maurice Papon, le 17 octobre 1961, d'une manifestation de plus de 20 000 Algériens de France descendent dans la rue pour s’opposer au couvre-feu imposé de manière discriminatoire et sans base légale aux travailleurs immigrés en Algériens, suspectés d'être des soutiens du FLN.

En Europe, aucune manifestation n’avait été traitée aussi violemment par un État depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui encore, la France peine à reconnaître ce massacre et le nombre exact de victimes reste inconnu.


Je parle de l'Algérie mais je pourrais parler du sort réservé aux goumiers marocains, aux tirailleurs sénégalais... à tous ceux qui se sont sentis trahis par la France alors qu'ils s'étaient eux aussi sacrifiés pour libérer notre pays.

Comment envisager que les descendants de ces générations colonisées, aujourd'hui Français honorent un héritage passé dans lequel leurs sacrifices et leurs souffrances n'ont pas été reconnus à leur juste valeur ?

Pour rester sur l'exemple algérien, il existe selon moi aujourd'hui un ressentiment toujours important chez nos concitoyens d'origine algérienne, transmis par leurs ascendants et qui n'a pas été apaisé par le discours officiel sur notre passé historique.

Cet écueil à une histoire partagée et appréhendée sous deux angles différents, ne me semble pourtant pas insurmontable.

Pourquoi ne pas reconnaître ces atteintes à la vie et à la liberté perpétrées au non d'une conception suprématiste occidentale, héritée de la royauté, de l'empire et que notre république française du 21ème siècle ne peut plus cautionner au nom de l'universalisme républicain ( bloc de constitutionnalité, Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, mondialisation des échanges et le cosmopolitisme qu'elle a entraîné, développement des ONG, avénement d'institutions judiciaires internationales...) ?

Pourquoi ne pas écrire notre passé avec ses gloires, son honneur mais aussi avec ses flétrissures, ses infamies dont nous ne sommes pas personnellement responsables mais dont l'Etat français est comptable ?

Il faut regarder en face et dans sa globalité le passé esclavagiste de notre pays, la construction de l'empire colonial de la France au fil des siècles, les conditions de la désagrégation de cet ensemble colonial, la politique migratoire et de construction des grands ensembles au moment des trente glorieuses.

Cette écriture authentique de notre histoire, avec ses éclats et ses noirceurs, est impérative si nous voulons apaiser les jeunes de nos quartiers sensibles dont les parents ou grand-parents son issus des anciennes colonies françaises.

Cependant, il ne s'agit pas de tomber dans une logique victimaire et manichéenne avec d'un côté les descendants des méchants colons et de l'autre ceux des martyrs colonisés.

Non, il faut simplement présenter les faits avec le double point de vue des métropolitains et des habitants des colonies. Il faut que des deux côtés, fort de connaissances précises et documentées, chacun puisse avoir de l'empathie pour l'autre, c'est à dire être en capacité d'appréhender ce que les ascendants des uns et des autres ont pu ressentir dans les circonstances historiques, politiques et culturelles des époques concernées.

En d'autres termes et pour continuer avec la guerre d'Algérie, il faut à la fois mettre en exergue les massacres perpétrés par l'armée française colonisatrice, les meurtres et tortures accomplis par l'OAS contre les Algériens, la privation de libertés de ces derniers, mais d'un autre côté il ne faut pas occulter le traumatisme psychologique vécu par les rapatriés "pieds-noirs", les assassinats perpétrés par le FLN contre les Français d'Algérie, le sort des harkis rejetés à la fois par leur pays d'origine l'Algérie et par leur pays "d'adoption" la France...

C'est à ce prix que nous construirons un vrai bien commun, un vrai héritage historique partagé qu'il conviendra d'expliciter sans relâche via les médias et surtout d'enseigner aux jeunes générations à travers des programmes scolaires modifiés en ce sens.


Ce n'est là qu'une première étape, Monsieur le Président, car il faut ensuite créer un désir de vivre ensemble et un programme commun pour l'avenir.

C'est là que l'Etat doit intervenir en organisant la nation, en la dotant d’institutions politiques, administratives, militaires, judiciaires etc., crédibles, légitimes et communes.

L'Etat est une émanation de la Nation qui lui confie sa souveraineté pour cimenter sa cohésion et renforcer sa vitalité.

A ce jour, c'est l'inverse qui se produit dans notre pays !

Cela mériterait des développements inextinguibles mais je vais tâcher de synthétiser les chantiers de réflexion qui sont urgents et qui doivent trouver des prolongements concrets dans un avenir quasi immédiat :


- la notion de laïcité, inhérente à notre République, doit être impérativement définie et précisée de manière figée afin de régler définitivement la place de la religion dans l'espace public

Le fait religieux fragmente notre société depuis trois décennies et s'est imposé insidieusement comme un mode d'organisation de certains groupes au sein de notre société, favorisant le communautarisme.

Or la loi au sens générique, est une norme générale et impersonnelle, elle résulte de l'expression de la volonté générale et ne peut en aucun cas être dicté par la religion, quelle qu'elle soit.

Ce n'est qu'avec une conception extrêmement stricte et commune aux différentes religions que nous réglerons le problème actuel de l'islamisme radical et des attentats meurtriers perpétrés par ses défenseurs.


- la liberté doit être impérativement distinguée de l'individualisme


- la réduction des inégalités économiques et sociales, et de l'écart abyssal existant entre les plus riches et les plus défavorisés est un préalable indispensable à la résurrection d'un sentiment de solidarité entre les citoyens


- la pacification sociale et politique de notre société dominée par le langage de la violence sous toutes ses formes est le troisième objectif à court terme. Il passe par le renforcement immédiat et dans des proportions exceptionnelles de deux services publics essentiels à l'idée de nation : l'éducation et la justice (y compris police)

Ces deux institutions vidées de leur substance sous le joug des révisions générales des politiques publiques n'ont plus les moyens humains et matériels pour assurer leurs missions respectives de formation des individus et de régulation des maux sociaux.


- une conscience collective puissante, plus forte que les consciences individuelles de ses membres, doit être vivement encouragée au travers la définition d'un programme commun , susceptible de nous unir. Le dérèglement climatique et ses impacts mortels sur le plan environnemental comme sanitaire apparaît comme une cause commune susceptible de transformer volontés et sensibilités individuelles en volontés et sensibilités collectives.


Voilà Monsieur le Président ma réponse aux appels récurrents que vous nous adressez pour que nous fassions nation.

Nous ne sommes pas aujourd'hui une Nation de citoyens solidaires et nous ne le deviendrons pas si vous continuez à promouvoir une politique néo-libérale, destructrice des services publics, accélératrice des inégalités et de la formation d'îlots communautaires.

A vous de rétablir le cap en urgence, sans quoi, à défaut de faire nation, nous ferons naufrage.


Respectueusement,

James.


31 vues0 commentaire
bottom of page