Le changement de paradigme ou l'invention d'un monde nouveau c'est pas pour demain...
Je suis resté perplexe, dubitatif à la fin du discours de notre président avec la sensation désagréable que nous n'allons pas dans le bon sens.
Mais mon intention n'est pas de critiquer la voie choisie par le Président, c'est son rôle et il est éminemment compliqué, mon idée c'est juste de parvenir à décoder ces satanés éléments de langage (inhérents aux discours de tous nos dirigeants politiques), pour comprendre l'option retenue.
Selon moi, et comme on pouvait s'y attendre, c'est le choix de l'économie qui a été fait, c'est la victoire de l'économie sur la santé.
Il faut que le système reparte, les conséquences socio-économiques catastrophiques entrevues par les spécialistes, les sorties médiatiques des patrons et industriels, les pressions des différents courants d'influence du président, les annonces de reprise faites par d'autres pays européens, la réussite de l'Allemagne jusqu'à présent dans la gestion de la crise, autant d'éléments trop pesants pour que Monsieur Macron puisse prendre une autre voie. Dommage car dans le même temps, il a l'ambition de se réinventer.
Cette victoire de l'économie, je ne la relie pas à l'annonce de la date du 11 mai et la décision de faire repartir la machine, (il le faut et nous ne pouvons pas rester éternellement terrés chez nous), je la relie plutôt au flou artistique entourant la stratégie mise en place pour protéger la santé des Français.
Nous ne disposons pas des masques adéquats pour nous préserver dans les transports en commun ou sur le lieu de travail, nous sommes dans l'incertitude quant à la fiabilité de nos tests PCR et nous ne sommes pas en capacité de réaliser en masse les tests sérologiques.
"Seules les patients présentant des symptômes seront testés sinon ça n'a aucun sens" ai-je entendu dans la bouche du Président. Or les tests PCR ne font pas leur preuve selon les soignants.
En outre, certaines mesures strictes de distanciation sociale ne ressortiraient pas de la culture française de même que le tracking utilisé en Corée du Sud ou en Chine contreviendrait à notre Etat de droit.
Or les exemples asiatiques montrent que les coréens et les chinois sont en train de s'en sortir grâce à la conjonction de ces différentes techniques et au prix d'un déconfinement ultra-méthodique.
J'attends le plan que le gouvernement doit annoncer dans deux semaines et ne manquerai pas de nuancer mon propos si le système mis en place clarifie précisément la méthode.
Mais au fond, je n'y crois pas, et c'est mon second ressenti, car j'ai l'impression que le but de cette reprise dans des conditions sanitaires non optimales, vise à ce que nous soyons exposés le plus vite possible au virus pour atteindre le taux de 60% d'auto-immunisation de la population, seuil à partir duquel la propagation du virus s'évanouirait.
Encore une fois, c'est ce que je comprends des paroles du Président, sinon pourquoi réouvrir la majorité des écoles à partir du 11 mai alors que les universités, les restaurants, les salles spectacles, les stades restent clos, lorsque l'on sait par ailleurs que les enfants sont les vecteurs principaux du virus. Pourquoi les personnes âgées devraient rester chez elles ? Bref, j'ai la sensation qu'on s'est raté dès le début sans que la faute ne soit forcément imputable à l'équipe dirigeante en place, et que nous ne disposons pas des moyens nécessaires pour nous en sortir autrement que de cette manière.
Je souhaite me tromper bien entendu et qu'à tout le moins l'on trouve un traitement dans l'intervalle pour atténuer les effets graves du COVID mais la seule chose dont je suis sûr c'est que l'heure n'est pas au changement de modèle de développement contrairement aux envolées lyriques entendues hier soir et lors de précédents discours du chef de l'Etat.
En effet, son expression "l'espoir renaît" utilisée à foison dans les médias depuis l'officialisation de la date du 11 mai et l'écho du "ouf" de soulagement que j'ai cru entendre résonner chez la majorité d'entre nous depuis cette annonce me confortent dans cette idée.
Mais je reste motivé pour l'après-demain , plus que jamais !
Je persiste et je signe quant à mon inquiétude sur l'idée d'exposer la population au virus sans accompagner cette exposition de mesures drastiques de précautions.
Plusieurs épidémiologistes dont un ancien directeur général de la santé insistent sur le fait que rechercher l'immunité collective sans mesures de prophylaxie médicamenteuse, sans vaccination nous expose à un risque sérieux de nouvelle hécatombe.
Je rappelle que l'épidémie a touché 10% de la population nationale et fait plus de 17.000 morts, probablement 20.000 si on prend en compte les 30.000 hospitalisations en cours qui malheureusement vont se solder par de nouveaux décès.
Quid quand 50 à 60% de la population aura été exposée ?
Alors oui, il va falloir se confronter au virus pour remettre…
Avant chaque discours d’une importance capitale, comme celui du président il y a deux jours, on devrait toujours s’interroger sur ce que l’on attend réellement des paroles qui vont être prononcées. Il ne fait aucun doute, James, que ta préoccupation première est la gestion de la crise sanitaire, que ce soit dans ton commentaire mais également dans les différents sujets que tu mets en avant sur ce blog. Pour ma part, j’en ai pris conscience après l’avoir écouté, ce que j’attendais, c’était des mesures économiques dans le sens d’une économie durable. On l’aura compris, elles n’y étaient pas, à part une vague évocation ( référence à la « sobriété carbone »). Mais sans doute que là n’était pas l’enjeu du…
Le président montre l’exemple en participant à réduire notre consommation d’électricité
https://media.rte-france.com/allocution_president_chute_consoelectrique/
Un geste en faveur de la décroissance?