Arte a mis en ligne une excellente série documentaire, "Travail, salaire, profit" qui décrypte le fonctionnement de l'économie mondiale au travers de six notions fondamentales et intimement liées : le travail, l’emploi, le salaire, le capital, le profit et le marché.
On réalise, au travers des enseignements de la vingtaine d'éminents chercheurs interrogés, que, si Marx est mort (le personnage en tout cas), sa description précise, à la fois économique et philosophique des équilibres qui régissent le monde capitaliste, est plus que jamais d'actualité. Le néo-libéralisme mis en place en grande pompe par le duo Thatcher/Reagan est désormais notre modèle économique actuel, tel que Karl Marx l'avait pressenti.
Certes, les formes ont changé. La condition ouvrière misérable (voire esclavagiste) des débuts de la révolution industrielle ne semble plus exister. "Ne semble" seulement, puisque cette frange exploitée n'est plus aussi visible qu'avant. Nos ouvriers occidentaux se sont transformés en employés de bureau et ont maintenant un accès "libre" aux biens de consommation, tandis que la misère (ainsi que la pollution) a été repoussée dans les pays émergents de l'autre côté du globe.
L'ultime transformation du capitalisme du XXIème siècle aura été de se défaire complètement de l'économie réelle pour générer du profit. Aussi, on comprend au final que le dicton "nos achats sont un bulletin de vote" est un mirage, les grandes entreprises ne devant aujourd'hui leur croissance essentiellement qu'à leurs actifs financiers. Les états, eux, conservent le rôle qui leur a été laissé : permettre au Marché de pouvoir s'exercer librement au travers d'un cadre flexible dont les lois, les normes et les accords sont modulables en fonction des besoins.
Au cours de l'histoire, des nations, voire des "blocs" ont bien tenté de mettre au pas l'appétit du capital mais, preuve en est, que le choix qui a été fait, en l'occurrence le recours à la dictature, n'était pas le bon. Certains états (dont un très gros, je vous laisse deviner) ont, malgré tout, conservé ces régimes.
Aujourd'hui, nous en sommes là, et le problème reste entier, même si les évènements récents semblent donner l'impulsion pour que les esprits s'emparent du sujet et convergent, la "pause" obligatoire permettant de prendre le recul nécessaire à la réflexion.
Je me permets également de citer la web-série "Marie meets Marx" diffusée par Arte (décidément) qui permet d'aborder l'œuvre de Marx de façon ludique et au goût du jour.
Enfin, puisque nous avons abordé la notion de liberté dans d'autres posts, voici la définition qu'en fait Marx :
Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures.
Ça attaque de tous les côtés, comme prévu.
https://www.institutmontaigne.org/publications/rebondir-face-au-covid-19-lenjeu-du-temps-de-travail
En soutien au MEDEF, l'institut Montaigne, think tank dirigé par les plus hautes instances d'AXA Group, préconise une liste de mesures plus anti-sociales les unes que les autres :
Baisse de la rémunération des heures supplémentaires
Allongement de la durée légale du travail
Réduction des temps de repos
Suppression de jours fériés
Prise en compte du temps de formation en dehors des heures de travail
Ceci, autant dans le secteur public que le secteur privé.
Il va falloir rester vigilant, voire combatif.
Le capital n'a pas seulement de l'appétit, il a de l'imagination... Entre instabilité salariale et micro-travail, le relatif confort des classes "d'en bas" dans nos sociétés occidentales, qui a ringardisé la lutte des classes, n'est peut-être plus si généralisé que cela. "Bascule-t-on vers un autre monde du travail ? " sur https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/le-temps-du-debat-emission-du-vendredi-01-mai-2020 via @radiofrance L'intelligence artificielle, pas si artificielle que cela, participe d'ailleurs à ce mouvement. https://www.liberation.fr/debats/2020/03/25/le-confinement-se-decline-differemment-selon-sa-place-dans-la-societe_1783068 La crise sanitaire rendra-t-elle véritablement visibles les invisibles ? Pour combien de temps ?