"Il n'y a qu'une seule liberté, se mettre en règle avec la mort, après quoi tout est possible"
- james
- 2 mai 2020
- 5 min de lecture

J'ai décidé de citer Albert Camus pour commencer ce post après avoir vu le film bouleversant de Jeff Gibbs, produit par Michael Moore, en accès libre sur You Tube (cf lien).
Dans "Planet of the Humans", le réalisateur dénonce la collusion entre le capitalisme et l'écologie, le développement du "green washing" (ou comment les entreprises verdissent faussement leurs produits à des fins marketing et commerciales) et au final le mirage que représentent les énergies vertes.
Ce film est renversant, écrasant à première vue, tant il détruit de façon abrupte tout espoir que l'on aurait pu placer dans les éoliennes, les panneaux solaires et autres énergies dites propres.
Ce documentaire fort nous montre comment, une fois de plus, le capitalisme a réussi à pervertir la mouvance écologiste, comment quelques milliardaires, hommes politiques, industriels et banquiers se sont emparés de l'écologie pour perpétuer la logique néo-libérale en faisant croire aux amoureux de la nature que le grand capital produisait désormais en respectant la planète.
Quand vous regardez ce film, vous êtes par moments terrifiés et abattus par la démonstration implacable que font Jeff Gibbs et Michael Moore sur l'absence d'énergies propres.
Et vous réalisez tout à coup que la croissance illimitée, promue par les puissants de ce monde, est un vrai suicide en ce qu'elle s'appuie finalement sur le pillage des ressources d'une planète qui sont elle limitées.
Alors fin de l'histoire, aurais-je pu me dire, à quoi bon continuer d'écrire ce blog alors qu'on va tous mourir" pour plagier Jamel Debbouze.
Et bien, non , il y a dans ce film cette citation de Camus prononcée par un chercheur, qui est inspirante et qui a entraîné chez moi une réflexion sur la liberté.
Je ne suis pas un spécialiste de Camus et de sa pensée existentialiste qui consiste à dire que notre existence est absurde et que seule l'action de l'homme peut lui donner un sens.
Mais c'est juste que cette phrase a eu un effet réconfortant sur moi et qu'à mon sens elle nous permet d'entrevoir une issue salvatrice.
Comme le sous-tend "Planet of the Humans", le salut passe par la prise de conscience de ce que nous sommes, à savoir une espèce naturelle, composée de simples mortels, qui peut être rapidement déstabilisée par un virus d'origine animale et qui doit rester humble quant à son statut par rapport aux autres composantes de la Nature.
Quel est le but de notre existence si ce n'est de perpétuer notre espèce et de permettre à notre progénitures et aux générations futures de pouvoir profiter de cette expérience incroyable sur Terre ?
C'est là qu'intervient la réflexion sur le concept de Liberté à propos duquel j'avais déjà exprimé dans le texte fondateur de ce blog, la nécessité d'en déterminer une définition commune.
De manière classique et dans le dictionnaire, il n'existe pas de liberté sans volonté, autrement dit la liberté ça se décide avec le corollaire que la volonté implique la responsabilité de que nous faisons.
Si on regarde la liberté telle qu'elle a été envisagée depuis plusieurs siècles, on s'aperçoit qu'elle correspond en réalité à la maximisation des possibles, autrement dit c'est l'idée qu'on doit proposer à chacun le plus de choix possibles, le choix de voyager, le choix d'un métier, le choix de vie, de compagnon..etc...Cette acception de la liberté, plutôt humaniste et existentialiste, nous plonge incessamment dans un vertige du changement, de la vitesse, où au fond pour être libre il faut en faire le plus possible, accumuler le plus possible. Et si on a raté telle expérience, tel voyage, si on a été privé de telle possibilité, on a l'impression d'être un peu ringard, un peu renfermé.
Avec le coronavirus, cette conception de la liberté a pris du plomb dans l'aile et chez certaines personnes dont je fais partie, elle a laissé place à une définition plus antique de la liberté : la liberté c'est être un avec soi-même, c'est faire des actions nécessaires par rapport à ce qu'on est. Et paradoxalement, le confinement assimilable à un enfermement a priori privatif de liberté, m'a donné le sentiment d'être plus libre qu'avant car j'ai renoncé à la recherche de l'optimisation, au principe d'utilité et à la vitesse permanente. J'ai finalement renoncé à tous ces dérivatifs qui nous empêchent de nous concentrer sur ce que l'on est et de prendre conscience du petit grain qu'on représente à l'échelle de l'univers.
C'est une liberté plus profonde que j'ai ressentie avec la prise de conscience que mes activités ou situations habituelles quotidiennes, qui jusque là guidaient mon existence et étaient a priori anodines, pouvaient avoir un impact direct et potentiellement fatal sur celle des autres. Cette situation exceptionnelle induite par le SARS-COV2 nous a amenés à reconfigurer le champ des interactions sociales et par conséquence celui des libertés.
Elle a remis en première ligne, un précepte essentiel oublié jusqu'ici : ma liberté s'arrête là où commence celle des autres.
Ce principe qui est primordial à mes yeux et qui m'a accompagné dans ma construction d'homme n'est pas partagé par la majorité au nom d'une autre conception de la liberté que j'ai définie plus haut. La meilleure illustration provient des "anti-confinements qui opposent la liberté à la vie et qui revendiquent la liberté de choisir de mettre leur vie en danger.
Or, le coronavirus a fait éclater cette vision un peu schématique car on se rend compte que ce n'est pas ma liberté que je choisis contre ma vie, mais c'est ma liberté contre LA VIE, y compris celle des autres.
Ce débat sur la définition de la Liberté est crucial pour le monde d'après-demain, nous ne pourrons adopter un nouveau mode de développement respectueux de la planète sans un minimum de consensus à ce sujet.
Il existe selon moi dans notre société actuelle une confusion entre liberté et individualisme qui est néfaste à notre évolution.
A ce stade et avec les perspectives inquiétantes de réchauffement climatique, de diminution des ressources naturelles et de guerres pour la maîtrise de l'eau, je ne parviens plus à cautionner la conception individualiste qui sous-tend le modèle capitaliste.
Et j'en reviens au but de l'existence : se définit-on par rapport à notre métier, à notre plan de carrière, à l'argent qu'on gagne chaque mois, au confort matériel que l'on a acquis et offert à ses proches, à l'héritage privé qu'on aura constitué pour ses propres enfants ?
Je ne le pense pas, à tout le moins, et vu la situation de la planète, je ne parviens plus à le penser.
La crise du coronavirus nous incite à avoir une autre conception de l'existence, celle de
mener des actions pour perpétuer notre civilisation et d'assurer la survie de notre espèce au même titre que les autres espèces qui nous entourent et qui nous ont préexisté.
Le rapport à soi comme entité indépendante doit évoluer sans quoi ce sera la fin à plus ou moins long terme.
Contrairement à ce que pensent beaucoup aujourd'hui, ce n'est pas le coronavirus qui a créé le désastre économique en cours, qui va entraîner la mort économique de millions de personnes et la famine de millions d'autres, c'est nous, la communauté des êtres humains, qui refusons de changer notre regard sur notre liberté, qui refusons de renoncer à notre confort immédiat, qui refusons d'affronter la réalité de ce que nous sommes sur Terre.
La situation n'est pas perdue, changeons notre regard, décentrons-nous et le renoncement salvateur deviendra un acte de liberté !
Salut, j'ai vu ce soir le film de Michael Moore. J'ai relevé ce commentaire du scientifique qui citait Camus. J'ai été voir tout de suite, sans attendre la fin du film, cette citation de Camus puis je tombe sur l auteur de ce texte ci haut. et voila, je suis perplexe parce que ,la démographie grandissante et tous ces bébés projetés dans ce futur pour le moins incertain, inquiétant, m'amene à me questionner sur le besoin de procréer. Et si ma presence, mon empreinte n'était pas de trop ? Se suicider comme geste politique, pour le bien des autres, geste altruiste? Non je ne suis pas suicidaire. On jase...
Avec "Planet of the Humans", tu comprends que le plan d'action pour s'en sortir est simple, finalement :
fin du capitalisme
décroissance