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Etats d'âme

Après un mois de repos des méninges et de déconnexion complète avec l'actualité, j'avais envie de vous faire part de mon état d'esprit troublé en cette période de rentrée suite aux discussions estivales que j'ai pu avoir avec différentes personnes au sujet de mon engagement et des idées promues à travers le blog.


Je dois concéder que je suis passé par des phases de démotivation intense voire de désespoir à la suite d'échanges animés avec mes proches et que ce mois d'août a transformé la droite ascendante de ma motivation en une courbe sinusoïdale.

Oui, la confrontation directe et verbale aux autres, à ceux qui ne lisent pas et ne partagent pas forcément les fondamentaux du blog, a été compliquée pour moi.

D'abord, mon côté affectif exacerbé en a pris un coup lorsque la plupart de mes amis m'ont révélé qu'ils ne lisaient pas mon blog. J'aurais pu entendre qu'ils ne participent pas par manque de temps ou par timidité mais là ils m'ont renvoyé l'expression d'un simple désintérêt pour le blog, avec l'idée sous-jacente qu'il existe d'autres priorités plus importantes. D'autres m'ont indiqué ne pas se sentir concernés par certains sujets comme le génocide des Ouïghours allant jusqu'à m'expliquer que ça ne concernait qu'un million de personnes et que le problème des migrants en Méditerranée leur semblait plus prégnant.

Vous imaginez bien que les discussions ont été animées pour ne pas dire plus (Allezblezz peut en témoigner) mais au final les potes m'ont indiqué que mes propos étaient jugeant lorsque je fustigeais l'incongruité et l'individualisme qui composaient leur raisonnement. Il est vrai que la mirabelle et le vieux rhum qui accompagnaient nos soirées, s'ils facilitaient la libération de la parole, atténuaient surtout chez moi, le caractère diplomatique de mes propos.

Deux exemples :

- la limitation de la vitesse à 110 km/h au lieu de 130km/h sur autoroute : "c'est pas débile ça ?", "c'est n'importe quoi !", "hors de question qu'on restreigne ma liberté" voilà à peu près ce que j'ai entendu sur le sujet.

J'ai alors demandé aux amis les raisons qui motivaient leur désaccord sur cette proposition et deux arguments principaux ont été évoqués : l'atteinte à leur liberté individuelle de rouler à 130 et le fait qu'on tapait toujours sur les mêmes, qu'il existait d'autres pollueurs beaucoup plus importants que le conducteur automobile.

J'ai eu beau expliquer les études scientifiques sur la question déjà exprimées dans un post de ce blog, mettre l'accent sur le fait que rouler à 110 ne nous coûtait rien, à part lever le pied de la pédale d'accélérateur ou régler le régulateur de vitesse, que nous pouvions avoir un impact direct et significatif sur le taux d'émission de GES, rien n'y a fait et au final le ton est monté, mes amis m'indiquant se sentir jugés. L'un d'entre eux m'a quand même signifié que j'avais raison mais qu'il continuerait à rouler à 130 au nom de sa liberté.

- second exemple : le sujet plus général du réchauffement climatique et de l'urgence de changer nos comportements individuels afin que les générations futures ne se retrouvent pas à subir des chaleurs mortelles dès les années 2040-2050.

Des amis ont exprimé un certain sentiment de fatalité en disant que l'humanité était de toute façon pourrie, que la Terre s'en porterait mieux à partir du moment où l'espèce humaine aurait crevé en entier et qu'il fallait donc continuer à vivre sachant qu'il était trop tard pour changer quelque chose.

Mon étonnement s'est traduit par une réponse de ma part sur le caractère individualiste de leur positionnement et sur l'absence d'empathie pour nos petits-enfants.

Là encore, ils m'ont renvoyé que je les jugeais...


Avec quelques semaines de recul, je me dis que la volonté d'éveiller les consciences qui motive la création de ce blog est une entreprise plus compliquée que prévue..

Bien entendu, la conversion des esprits n'est pas au départ une obligation de résultat, bien entendu on ne peut pas toujours convaincre des gens au détour d'une seule discussion mais je dois quand même vous avouer avoir ressenti chez pas mal de gens une vraie perte du goût du vrai.

Ce que je veux dire, c'est qu'aujourd'hui, vous avez beau démontrer à une personne avec des arguments rationnels, scientifiques qu'elle est dans l'erreur, elle ne va pas forcément vous écouter à partir du moment où votre connaissance ne rejoint pas sa croyance.

C'est un thème que j'ai déjà développé en évoquant Nietzsche et le philosophe des sciences Etienne KLEIN, mais je suis vraiment marqué par cette nébuleuse moderne alimentée par des médias médiocres et les réseaux sociaux, dans laquelle la croyance supplante la connaissance.


Sans transition, les thèmes du déboulonnage des statues, des violences policières et des discriminations ont été l'occasion de belles joutes verbales avec, cette fois, mes parents et plus globalement avec la génération née après guerre.

Un premier constat, très classique : la décolonisation n'a toujours pas été digérée, l'Algérie reste un vrai traumatisme pour les pieds-noirs, la colonisation qui a préexisté à la décolonisation garde encore une connotation positive pour cette génération avec cette idée que l'Occident était légitime à apporter un vrai niveau de civilisation à ces pays sous-développés...

S'agissant des violences policières, sans être approuvées, elles restent légitimées par la radicalisation incessante de la violence des jeunes des quartiers, des gilets jaunes et autres blackblocks.

Quant aux discriminations, à la mondialisation du mouvement "black lives matter", à la dénonciation de personnages célèbres au passé esclavagiste, mes parents qui ont pourtant traversé mai 68, s'insurgent contre une réécriture de l'histoire a posteriori..

Je résume un peu leur position mais globalement ce qui appartient au passé doit rester

dans le passé. Malgré ma détermination, malgré des arguments historiques tirés de mes lectures, malgré de longs développements sur la notion d'empathie (que nous pourrions facilement avoir pour les descendants des familles ayant subi l'esclavage dans un passé pas si lointain), je n'ai pas réussi à inverser a tendance et me suis vu affublé des qualificatifs d'idéaliste et d'humaniste.

Ce n'est d'ailleurs pas les seuls qualificatifs donnés par mes seniors puisqu'ils nous désignent avec ma compagne sous le terme d' "écolo" en indiquant qu'il s'agit d'une mode actuelle qui passera.

Là encore, avec le recul, je me dis que le lien entre ma génération et celle de mes parents s'effiloche de plus en plus, même si je n'y vois rien d'anormal. Je pense en effet que les changements de paradigme sont moins évidents à accepter quand on a 70 ans.


Pour conclure ce post très spontané et peu structuré (vous m'en excuserez), je vous livre mon état d'esprit actuel . D'abord, je reste persuadé qu'il faut continuer à faire vivre ce blog qui se veut participatif pour ne pas cesser d'échanger, de réfléchir au sujet de l'évolution de notre société.

Je rêve toujours à un afflux majeur de membres désireux de débattre et de jouer un rôle démocratique à l'orée de la période pré-électorale qui commence.

Mais je concède que mon ambition initiale de plateforme d'idées citoyenne a pris un peu du plomb dans l'aile tant la majorité des gens que j'ai croisés a du mal à consacrer du temps à une telle démarche et reste dans une logique cour-termiste ("métro, boulot, famille, loisirs, dodo").

Aucun jugement de ma part d'autant que j'ai pleinement conscience d'être un "intellectuel" privilégié qui ne se soucie pas pour l'instant de ces fins de mois. Mais je suis réaliste et la période pénible que nous traversons incite aussi les gens à profiter le plus des leurs tout en privilégiant des choses légères.

Alors c'est vrai que de temps à autre je doute, que je suis triste face à l'immobilisme ambiant, et je me dis alors qu'il faudrait en fait s'engager en politique ou devenir artiste pour crier/chanter mes colères. Mais le monde politique m'écoeure et je chante faux...

Mais alors comment rassembler la société française qui de disloque, se communautarise ? Comment trouver un moyen de rassembler les gens ?

En réalité ces questions m'obsèdent et je dois vous avouer que je rêve d'être un jour cet intellectuel populaire qui fédère au delà des classes sociales et des origines et qui redonne à la fois le goût du vrai et celui des autres.

Finalement je me rends compte en vous écrivant que j'ai encore plein d'espoir si j'en crois la citation d'Aristote : "L'espoir est un rêve éveillé"


A bientôt

James



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