Ma modeste analyse des résultats du second tour des élections municipales du 28 juin 2020
Je préfère vous le dire d'emblée, je n'ai regardé que vingt minutes l'édition spéciale de France 2 hier sur les résultats afin d'avoir un premier aperçu de l'issue de ce scrutin.
Je n'ai pas réussi à me mobiliser plus longtemps face au spectacle consternant mais habituel des joutes entre leaders politiques à base d'auto-satisfecit, d'échanges purement politiciens, d'hypocrisie incroyable et de bla-bla inintéressant.
Ce n'est donc qu'avec les résultats finaux entendus ce matin sur France Inter que je vous livre, en toute humilité, mon ressenti et mon interprétation des votes.
Je commencerai par un sourire :) un grand sourire !! Sans parler de vague verte, je dois dire que la pensée écologiste a soufflé sur le scrutin d'hier. Les citoyens concernés par la question et attentifs aux changements dangereux qui menacent notre planète ont décidé de porter aux responsabilités, des femmes et des hommes soucieux de promouvoir en priorité questions sociales et environnementales.
Ce sourire, je l'ai non par rapport aux résultats bruts, mais par rapport à la prise de villes majeures du pays par des candidats verts ou rose-verts.
Rendons-nous compte quand même : les principales agglomérations du pays vont être administrées pendant six ans par des majorités à tendance écologique.
La première ville de France, Paris, et dans les 10 premières du classement : Lyon et sa métropole, Bordeaux, Montpellier, Strasbourg, auxquelles je rajoute Lille et Marseille avec un petit bémol.
Bémol pour Marseille car les scores sont serrés et il va être dur pour la future probable mairesse d'obtenir une majorité claire au conseil municipal, les néo-gaudinistes ne voulant pas lâcher l'affaire... Lille car Martine Aubry gagne avec 225 vois d'avance face aux Verts, ce qui pour moi est désastreux et signe que la politique politicienne est toujours de mise là où les citoyens auraient sûrement préféré une belle alliance dans l'intérêt du pacte écologique.
Au final les grandes métropoles qui quadrillent le territoire sont désormais gérées par des équipes, élues par des administrés qui veulent respirer mieux, vivre dans moins de béton et avec moins de voitures et dans une collectivité davantage solidaire.
J'avoue que ça fait plaisir et oui je voulais commencer par un sourire en ce lundi matin.
Mais ce sourire n'efface pas les inquiétudes que j'ai déjà pu manifester à l'occasion de précédents posts.
En premier lieu, la mobilisation civique continue à décroître : 60% d'abstention, un record pour un tel scrutin depuis le début de la cinquième République.
Près des deux tiers des Français inscrits sur les listes électorales ne votent pas !!! Et je ne parle que des inscrits...Qu'est-ce à dire si ce n'est que nos concitoyens ne croient plus en leurs institutions et n'attendent rien des décideurs publics.
Je trouve cela véritablement inquiétant car en réalité nous ne pouvons tirer aucune conclusion quant aux échéances politiques à venir et particulièrement pour l'élection présidentielle de 2022. Nous ne savons pas ce que pense réellement la majorité du pays.
Et j'étais écoeuré de voir hier les différents leaders politiques continuer dans leur logique d'appareil alors qu'ils venaient tous en réalité de prendre un camouflet terrible. Ils ne sont plus écoutés quoiqu'on en dise !!! C'est moins vrai pour les maires car les gens peuvent encore mesurer dans leur vie de tous les jours les décisions de ces derniers, qui se sont d'ailleurs illustrés dans la gestion de la crise de la COVID 19. Mais au-delà, il y a un vrai désintérêt, je trouve, pour le fait politique.
Finalement, et c'est terrible ce que je m'apprête à écrire, la crise sanitaire a été salutaire pour la pensée écologiste. Sans le coronavirus, je ne suis pas certain que les résultats incroyables de Bordeaux, Strasbourg et Lyon eurent été possibles, mais c'est un terrible mal pour un bien.
Reste maintenant à intensifier ces lueurs vertes afin qu'elles deviennent une vraie lumière verte capable d'éclairer le territoire national et d'aller au-delà.
Pour cela, les nouveaux édiles vont devoir réussir leur examen de passage et montrer qu'une gourvernance verte peut produire des résultats concrets déjà au plan local.
Ensuite, il faudra vraiment que la mobilisation citoyenne, dont le blog fait partie, s'intensifie et surtout que toutes ces structures, je pense à l'association des 150 de la convention citoyenne, aux différents think tank, aux associations, se fédèrent pour établir une plateforme de propositions qui devront être portées par une femme ou un homme.
Je voudrais que l'exemple consternant de Lille et que les échanges politiciens comme j'ai pu entendre de Yannick JADOT et Olivier FAURE n'existent plus à l'avenir, sinon ce sera pour tous les gens qui croient à un autre monde, la fin d'une espérance.
Nous devons impérativement court-circuiter la mainmise des appareils politiques sur notre avenir et nous imposer en qualité d'acteurs, désireux de prendre part au débat.
Soyons réalistes, personne au plan national n'est en l'état capable de rivaliser avec Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Car, et c'est bien çà le malheur, ces trois formations politiques qui ont pris une fessée monumentale hier, sont des véritables machines de guerre, entretenues pour la conquête du pouvoir national, mais totalement déconnectés de la démocratie locale.
Pour moi ce système est une anomalie démocratique, qui justifie un changement profond de nos institutions (ce sera l'objet d'un prochain post) et du régime de la Vème République.
Toujours est-il qu'il va falloir émerger une personnalité forte capable d'incarner un vrai changement écologique et social.
Selon moi, cette personnalité doit impérativement sortir de la société civile et ne pas être encore quelqu'un du sérail, soumis aux logiques partisanes et aux petites tractations occultes au sein des appareils politiques.
Il reste moins de deux ans pour concrétiser cette démarche ambitieuse et échapper à un duel Macro-Le Pen ou Mélenchon-Le Pen.
Je m'excuse pour mes amis LR, je n'en ai pas parlé, mais hier le sourire d'auto-satisfaction de Christian Jacob m'a à la fois désespéré et à la fois peiné.
Oui la majorité des communes françaises est à droite de sorte que le leader des LR à l'assemblée y voit une victoire. Je suis pour ma part plus mesuré que lui, je ne vois pas une victoire mais la persistance d'un électorat local conservateur, plus âgé et qui a voulu consacrer les maires en place qui ont sûrement bien géré leur collectivité.
Après, ce parti est pour mois dépassé, gangréné par les affaires du passé qui sont entrain d'être jugées (Balkany, Karachi, Fillon) et celles qui vont l'être à la rentrée (Sarkozy) et en décalage avec une jeunesse qui veut effacer notre passé colonial et ne pas forcément entendre parler à tout bout de champ de productivité et de compétitivité.
Au final, vous l'aurez compris, l'inquiétude prédomine, car il existe aujourd'hui toujours un boulevard pour les extrêmes mais aussi une porte ouverte pour des populistes.
La mobilisation citoyenne doit impérativement et considérablement s'intensifier si nous voulons avoir une chance de sourire en 2022.
Le président de la République va devoir pour de vrai mettre de la menthe dans son vin s'il est intellectuellement honnête et authentiquement désireux de respecter les aspirations de son pays.
Ce n'est pas une tempête qui s'est produite hier mais une belle brise verte qui adoucit la France et qui doit maintenant provoquer chez le chef de l'Etat une réaction comme par exemple l'organisation d'un référendum sur des propositions-clés de la convention citoyenne...
Oui, les fondamentaux néo-libéraux sont évidemment conservés. Mais la pression est là et bien palpable, ce qui constitue tout de même un espoir de changement.
Il y a sans doute de quoi sourire en effet. Je note toutefois (sans surprise) que le Président balaie la proposition de taxer les dividendes supérieurs à 10 millions d'euros et félicite les citoyens de la convention de n'avoir pas choisi la décroissance. Nous sommes encore loin d'un changement de modèle...
Ce matin, du côté de l'Élysée, il semble que tu aies été entendu sur un certain nombre de points. En effet, le chef de l'Etat semble prendre en compte "sans filtres" la grande partie des propositions citoyennes pour les livrer aux organes appropriés (assemblée nationale, europe, conseil des ministres, etc.) Par ailleurs, deux référendums sont sur les rails pour la modifications de l'article 1er d'une part (avant fin 2021), et, si le cas se présente, pour trancher certaines autres propositions qui ne déboucheraient pas assez vite, de l'autre.
La meilleure nouvelle, selon moi, rejoint tes voeux d'une participation plus active des citoyens. Ainsi, au regard de la qualité du travail fournit par la Convention Citoyenne pour le Climat, notre président…
Mon cher James, un tout petit commentaire sur la participation je pense que les nombreuses contaminations du 1er tour en ont échaudé plus d’un. Si la participation n’est en général pas ouf je pense que les circonstances de ce scrutin doivent nous rendre prudents sur la participation. Je n’ai pas allumé la télé comme toi je n’en supporte plus les échanges stériles sans aucune sincérité. Bises !