Je reprends ici l'expression utilisée il y a quelques années par l'un de mes meilleurs amis, pendant une période où il se déplaçait beaucoup, surtout en avion pour des raisons d'ordre privé...
Si son expression m'a toujours fait sourire car il s'agissait là exclusivement de second degré, elle a aujourd'hui une toute autre résonance en moi lorsque je constate que dans la réalité, le monde est devenu un vrai terrain de jeu pour certaines personnes, mais cette fois-ci au premier degré.
Plusieurs exemples me viennent spontanément en tête : le DJ David Guetta, qui se déplace exclusivement en jet privé et peut enchaîner concerts Los Angeles un jour, à Sydney le lendemain, à Paris le surlendemain..ect..., les clubs de foot professionnels les plus huppés qui à l'aube de chaque saison professionnelle se déplacent en Asie pour des raisons uniquement marketing et publicitaires, les vedettes du show-biz, les people qui sont toujours à droite à gauche sur la planète dans des endroits paradisiaques qu'une minorité d'entre nous ne peut rallier, les jet-setters de toute nationalité qui vont faire la fête un peu partout dans le monde. A cela il faut rajouter les exemples cités par J.M DUPUIS dans le blog que j'ai posté ce jour et les millions de séjours clubs ou privés proposés par les tour-opérateurs pour contenter les voyageurs désireux de visiter de nouvelles contrées mais aussi pour satisfaire des clients souvent aisés voulant échapper à la saison du froid la plupart de l'année et jonglant entre les deux hémisphères pendant leurs vacances.
Même si je concède une petite pointe moralisante dans mon propos, l'idée n'est pas forcément de stigmatiser les personnes qui au fond, n'ont fait qu'utiliser les moyens mis à leur portée dans le cadre d'un système prônant la globalisation des échanges au sens large.
Il s'agit plutôt de mettre en exergue les conséquences de ces modes d'existence sur l'environnement et de s'interroger sur la notion de citoyen du monde qui est souvent brandie par beaucoup d'entre nous au titre de notre liberté d'aller et de venir, à notre guise et à la fréquence souhaitée, aux différents endroits de la planète.
Sur les conséquences pour l'environnement du transport aérien, je pense qu'elles sont suffisamment dénoncées par les scientifiques du monde et relayées par les médias nationaux et internationaux pour que je ne cite que les principales généralités qui me viennent à l'esprit : bilan carbone, couche d'ozone, réchauffement climatique....
Sur la notion de "citoyenneté mondiale" que je vais assimiler ici à la liberté individuelle absolue de se déplacer partout dans le monde et au rythme que l'on décide, il me semble qu'un débat philosophique compliqué doit être engagé.
Peut-on restreindre notre liberté fondamentale de déplacement au nom d'impératifs environnementaux ?
De manière très spontanée, je me permets d'exposer le fond de ma pensée :
dans l'idéal, la prise de conscience de chacun du dépérissement de la planète devrait nous inciter à réduire nos velléités de voyages touristiques ou de loisirs par le biais de l'avion
mais je n'ignore pas que cette prise de conscience reste encore inexistante voire minimaliste chez beaucoup d'entre nous même si elle progresse lentement au gré des crises environnementales ou sanitaires
il faut donc malheureusement imaginer des mesures de restriction à cette liberté pour préserver notre environnement et notre santé
ces mesures de restriction ne peuvent pas toucher les personnes contraintes de recourir à ce moyen de transport pour des raisons indispensables d'ordre : familiales, professionnelles, médicales, humanitaires, militaires, diplomatiques, journalistiques, scientifiques, (je dois en oublier mais vous voyez l'idée)
la restriction doit viser à réduire le tourisme dévastateur de masse, les déplacements par les airs de pur confort, ceux dictés uniquement par des motifs ludiques, festifs ou publicitaires (j'en oublie encore mais l'exemple qui me vient pour résumer ma pensée est un copain qui est capable d'enchainer des week-end au Cap en Afrique du Sud, au Portugal, au Brésil pour profiter des meilleurs spots de kite-surfing)
peut-être dans un premier temps faudrait-il mettre en place un passeport universel avec un nombre de voyages limités pour ce qui concerne le tourisme international au sens large ?
dans le même temps sera-t-il utile de déterminer sur le plan professionnel et diplomatique les cas où le présentiel dans le pays étranger est indispensable ou pas.
par ailleurs, il serait bond de réintroduire pour les générations à venir la notion d'imaginaire liée au voyage : celui-ci doit être quelque chose d'exceptionnel, de fantastique, s'apparenter à une sorte d'expédition et ne pas être appréhendé comme un simple déplacement vers la maison de campagne. L'idée de rareté du voyage qui est sous-jacente en augmentera d'autant son caractère précieux en d'autres termes c'est l'idée qu'il faut savoir trouver son plaisir dans la limite.
J'en arrête là afin de ne pas être trop long. Il s'agissait juste d'ouvrir le débat et de susciter vos réactions.
J'indique toutefois que ce ce sujet en appelle au moins deux autres : repenser la notion de tourisme et réfléchir à l'instauration d'un tourisme vertueux, proposer des solutions pour compenser les pertes d'emplois induites par la diminution de l'activité de l'aviation civile.
Je rebondis rapidement sur l'idée de passeport universel. On pourrait imaginer une "réserve carbone" et ainsi limiter les déplacements en fonction de leur coût écologique.